S’associer pour le meilleur… et le pire !

Quoiqu’il en soit, il faut avancer ! Il y a fort à parier que la majorité de votre temps soit consacrée au développement de votre concept : cahier des charges, développement, commercial, finances occupent 90% de votre temps, le pacte d’associé et la création n’étant qu’une formalité…

Allez, honnêtement, combien de temps passez-vous à : déterminer vos besoins en compétences et de leur répartition en internalisation / externalisation, et rechercher ces compétences ? Apprendre à vous connaître, appréhender le projet professionnel des uns et des autres, parler de vos visions respectives, de vos valeurs ? Ou encore discuter de la répartition de votre capital ? Du rôle de chacun dans la boîte ? De l’éventualité de sortie de l’un d’entre-vous ? De la manière dont vous allez vous organiser ? Prendre des décisions ? Prioriser les sujets ?

👉 Dans la majorité des cas la réponse est la suivante : PAS ASSEZ ! Et c’est tout à fait compréhensible, à ce stade vous êtes unis par une envie d’aventure et une idée enthousiasmante, et comme le disent mes chers amis Wil et Ryan : vous êtes encore “à Shangri-la avec votre pitch deck non financé”.

Quelques statistiques

• Passer de 1 à 2 fondateurs augmente grandement les chances de succès des startups avec : 5,3 fois plus de chances de lever des fonds, 30% d’investissements en plus, des taux de croissance client 3 fois plus élevés… (source)
• 50% des fondateurs quittent l’aventure avant la fin de la première année (source)
• 30% des startups échouent à cause de problématiques liées à l’équipe
• 60% des statistiques sont biaisées… mais pas les miennes 😆
  Avouez, quand vous lisez cet article, vous pensez que c’est vrai pour 60% des gens mais pas vous ?

On le sait, vous vous connaissez déjà, vous vous faites pleinement confiance, tout va bien se passer et tout se passe bien pour l’instant, vous faites avec les moyens du bord et en fonction de qui apporte l’argent…
Mais vu les enjeux, il me semble clairement intéressant d’investir MAINTENANT le temps pour maximiser vos chances de réussite et gagner du temps DEMAIN, pas vous ?

Leçon 1 : s’associer tu devras

Quitte à enfoncer des portes ouvertes, il vaut mieux entreprendre à plusieurs, et ce pour de multiples raisons. Plutôt que de répéter tout ce que vous trouverez déjà sur google (ou Qwant, vive les normands), on préfère laisser certains de nos entrepreneurs vous l’expliquer :

“Associé seul cela me semble difficile à vivre et mal vu par les fonds d’investissements. Je pense que j’aurais dû chercher plus longtemps pour trouver le bon associé mais à l’époque je ne pensais pas que Mapatho prendrait cette ampleur” Axelle, fondatrice de Mapatho

“S’associer me semble obligatoire pour moi dans l’aventure startup : les tâches sont énormes et le chemin est long. La gestion d’entreprise et des salariés prend vraiment du temps. Une personne seule ne peut pas faire du business en plus du reste. Pour la vision du projet et des choix stratégiques c’est également important de pouvoir avoir d’autres points de vue et ne pas se lancer tête baissée.” Simon, cofondateur de Hoopop

Leçon 2 : Le mariage à Las Vegas tu éviteras

Une startup, c’est un peu comme un chat de Schrödinger, ou un OVNI… ni tout à fait mort, ni tout à fait vivant… C’est une aventure remplie d’incertitudes.
N’oublions pas que :

• 80% des startups échouent dans les premières années de leur existence. 80% !
• Au moment où vous vous lancez, vous n’avez absolument AUCUNE idée de ce à quoi ressemblera votre startup dans 1 an,
• Dans 100% des cas vous allez avoir des problèmes d’argent (ok, j’ai pas de source pour celui là mais…😜)

Et pourtant, dans la majorité des cas les cofondateurs se “disent oui” et commencent leur aventure commune sans plus de cérémonie qu’une folie devant Elvis Presley à Las Vegas…

A titre de comparaison, 50% des mariages se terminent en divorce. Malgré ce pronostic plus favorable que la startup, la majorité des couples qui se marient prennent plus de précautions et de soins à l’heure de s’engager dans cette aventure : vie commune depuis plusieurs années, longs préparatifs de mariage, contrats de mariage…

Ça vaut donc le coup de se poser plusieurs questions :

Avec qui je me marie, avec qui je romps, qui fait partie de la famille étendue… ?

Vous êtes amis d’enfance, anciens collègues et partagez les mêmes passions ? Certains d’entre vous quittent leur emploi, d’autres le gardent le temps de… Certains sont là pour faire, d’autres accompagner et conseiller. Certains apportent des ressources financières sans compétences, d’autres l’inverse, d’autres les deux… et pourtant dans la majorité des cas vous vous traitez en cofondateurs et futurs associés (parfois même à parts égales !).

Ce n’est pas parce que vous démarrez ensemble, que vous êtes obligés de vous marier ! Des milliers de nuances de relations existent également dans la startup : associé minoritaire, futur salarié, conseiller externe, freelance, investisseur silencieux… N’oublions pas que nous n’avons pas tous les mêmes aspirations professionnelles, les mêmes ambitions, ni la même appétence au risque…

Quel est notre projet de vie commun ?

Eh oui cela paraît simple comme ça, mais vous êtes sur le point de vous mettre la bague au doigt et de faire venir au monde un frankenstein, euh un chat – je me mélange dans mes comparaisons -… autant s’assurer que, dans les grandes lignes, les projets pour votre rejeton et pour vous-même ne soient pas totalement incompatibles. Et pour aller encore plus loin, vous pouvez également vous poser cette question : à quoi ressemblera notre unité familiale ? Qui éduquera frankenstein, fera le ménage, gérera les travaux…?

Dans quelles conditions nous dirons-nous oui ?

Se marier, ce n’est pas une mince affaire. Bien des couples attendent des années de vie commune, testent leur compatibilité et/ou complémentarité avant de sauter le pas… Et vous, de quoi avez-vous besoin d’être sûr avant de sauter le pas avec vos associés ? Il est certain qu’une certaine période de ‘reniflage’ et de fiançailles ne peut être que de bon augure pour permettre à chaque partenaire de se tester et de se projeter ou non dans la future association.

Comment allons-nous sceller notre union ?

Toutes ces réflexions doivent logiquement mener à des décisions. Concrètement pour la startup cela commence par les statuts et le pacte d’associés. Passage obligatoire et important : la répartition du capital au démarrage de la société. Et si on veut bien faire les choses, ce n’est pas si simple que cela ! Pour approfondir ce sujet je vous conseille cet article. Spoiler Alert : ça marche mieux quand il y a une répartition INÉGALE du capital (désolée, la comparaison avec le mariage ne fonctionne pas toujours😅).

Vous commencez à le comprendre, s’associer n’est pas une mince affaire. Faire une startup c’est tenter de frapper fort avec des ressources limitées… et concrètement, au démarrage vous n’avez que vous et votre temps. La question devient donc : quelle est la configuration d’équipe optimale pour réussir ? Au risque de complexifier les choses…la réponse dépend également du stade de maturité de votre startup. Et là il vaut mieux penser nouveaux modèles familiaux, ce qui inclut des réflexions du type : pour combien de temps nous marions-nous ? A partir de quand pratiquerons-nous la polygamie ? Ou à partir de quand il vaudrait mieux que l’un d’entre-nous nous quitte ?

Préparer son association, c’est donc également préparer d’éventuels divorces…

Leçon 3 : Ton divorce tu prépareras

La startup est par nature volatile, instable, changeante et limitée dans le temps. Pourtant, nous continuons d’agir comme si nous nous disions OUI pour la vie et que les besoins de la startup comme ceux de ses fondateurs seront les même au fil de sa vie… Erreur !

Que se passera-t-il quand les besoins de votre société auront dépassé les capacités de votre équipe de fondateurs ? Ou quand l’un d’entre-vous ne trouvera plus de quoi s’épanouir dans le nouveau stade de maturité de votre société ?
Votre associé est très compétent pour accoucher de nouveaux Frankensteins mais ne souhaite pas nécessairement assumer le rôle de parent et les guider vers leur autonomie ? Vous préférez créer des monstres et les élever jusqu’à leur 3ème année avant de vous occuper de nouveaux rejetons ?

Autant de conversations à avoir ensemble avant de démarrer, puisqu’elles permettent d’anticiper les transitions nécessaires à la startup de manière saine et pro-active, avant que les choses ne deviennent moches. Bref avant de se marier, il vaut mieux préparer son divorce.

Tout ceci, le pacte d’associés le permet, mais comme tout contrat de mariage, il est une base fondatrice MAIS NON suffisante pour assurer le succès de la vie à plusieurs.

Leçon 4 : Discuter sur la manière de discuter tu devras #inception

Et oui je ne vous apprends rien : une bonne communication est la base de toute relation qui se respecte, et nous partons tous avec l’intention et même l’impression de bien le faire ou en tout cas d’y mettre de l’effort. Malheureusement, plein d’obstacles viennent se dresser sur cette route :

• Nous formons tous inconsciemment des milliers d’hypothèses à propos de ceux qui nous entourent : si cette personne s’associe avec moi, bien sûr qu’elle sera impliquée à 100%. Et elle a forcément la même définition que moi de ce que ça veut dire être impliqué à 100%. Elle travaillera matin, midi et soir, y mettra plus de 50% de ses économies et ouvrira l’ensemble de son carnet d’adresse… Right ?
• Plus insidieux encore, vous faites l’effort de vous mettre d’accord sur votre vision stratégique mais vous ne parlez malheureusement pas le même langage, ce qui donne lieu à des quiproquos qui peuvent malheureusement être bloquants… Vous voulez par exemple fonder une startup à succès. Très bien… mais qu’est-ce que ça veut dire succès ? Est-ce que ça veut dire lever des milliards et revendre ? Ou pérenniser une cinquantaine d’emplois ?…

C’est pour cela qu’au-delà du pacte d’associé, il est essentiel pour une équipe associée / fondatrice de créer un espace de discussion où ces sujets peuvent être sereinement abordés. Il ne s’agit pas de parler du projet, de la stratégie mais de choses qui occupent malheureusement bien trop peu nos conversations :

• Comment allons-nous communiquer sur la manière dont nous communiquons ensemble ?
• Comment allons-nous prendre des décisions ensemble ? Prioriser des sujets ?
• Comment allons-nous discuter de notre relation et de son évolution ?

Bref il s’agit plus ici de discuter de la manière dont nous allons travailler ensemble que du travail lui-même… Et c’est essentiel !

Vous l’avez compris, souvent “l’humain” ou la relation, c’est ce sur quoi on investit le moins de temps en startup.
Pourtant c’est essentiel !
Eh oui, finalement, c’est la plus grande ressource dont vous disposez. Autant la maximiser en la traitant de manière stratégique. Bien souvent, on pense que c’est quelque chose d’inné, de naturel, que ça va juste « se faire », et les paramètres de cette pratique paraissent bien flous comparés aux activités plus « concrètes » du développement produit etc.

Mais pensez-y : combien de réflexion mettez-vous dans le développement de votre produit ? Quel soin y mettez-vous ? Votre/vos associés, vos collaborateurs et vous-même ne méritent-ils pas le même niveau d’engagement ?