Normandie Incubation

Des algues contre le cancer ? C’est l’innovation de cette entreprise

29 avril 2024 - Nos startups

Source : actu.fr

Créée en 2021 à Rouen (Seine-Maritime), la jeune pousse normande Alga Biologics est une pionnière de l'innovation. Elle utilise des algues pour soigner les cancers. Présentation.

« On est des pionniers, les premiers dans le monde à utiliser et à avoir développé cette technologie ! » Chercheuse et professeure à l’université de Rouen, Muriel Bardor s’intéresse depuis plus de 10 ans aux microalgues. Elle croit rapidement en leur incroyable potentiel afin de soigner des maladies infectieuses, auto-immunes ou encore les cancers.

Les travaux de recherche menés avec l’équipe académique du laboratoire GlycoMEV permettent de confirmer la production d’anticorps à partir de la microalgue Phaeodactylum tricornutum. En 2021, la start-up Alga Biologics est créée dans le but de développer cette technologie innovante.

En plein essor, la jeune pousse normande composée de huit personnes a été lauréate fin mars 2024 du concours Techninov, une grande convention dédiée à l’innovation en France. Son ascension ne fait que commencer.

Une technologie innovante

Comment fonctionne cette technologie ? « On utilise ces microalgues pour produire et sécréter naturellement des anticorps qui servent ensuite à traiter les pathologies », résume Muriel Bardor.

Un procédé qui va à contrecourant de ce qui est fait au sein des industries pharmaceutiques. « Actuellement, les anticorps sont principalement fabriqués à base de cellules de mammifères », détaille-t-elle. Ces opérations sont complexes et ont pu générer des crises sanitaires, la plus connue étant celle de la vache folle.

« Des étapes de contrôles ont été ajoutées afin d’éviter ce type de scandale, mais cela a entrainé une hausse des coûts de production de ces médicaments. Moins de 5 % de la population peut les acheter », note la chercheuse.

Des traitements plus efficaces que les méthodes traditionnelles

En utilisant les microalgues comme usine cellulaire de production d’anticorps, Alga Biologics « substitue les cellules animales par les cellules de microalgues. Avec la photosynthèse, ces microalgues fabriquent les protéines qui vont être purifiées et produire les anticorps », explique la fondatrice.

Muriel Bardor met en avant plusieurs avantages. Le premier, c’est l’efficacité. « On l’est autant, voire plus pour certaines pathologies, dont les cancers. » De plus, « la production est plus sécurisée, il n’y a pas de risque qu’un pathogène humain ou animal se retrouve dans les cultures ». Enfin, lors du processus, « les microalgues permettent d’absorber du CO2, donc on décarbone notre production ».

Le véritable enjeu aujourd’hui, c’est la capacité de production. Il faut pouvoir l’augmenter. C’est pour y répondre que la start-up, basée dans les locaux de l’université de Rouen Normandie où est installé son laboratoire de recherche, poursuit son développement avec l’acquisition d’un site de production à Canteleu, près de Rouen.

« Il ne faut pas perdre notre avance »

« On ne peut pas s’attaquer à toutes les maladies », rappelle par ailleurs Muriel Bardor. C’est pour cela que la jeune pousse à choisi de focaliser en premier ses travaux sur le traitement du neuroblastome pédiatrique, un cancer qui touche 24 000 jeunes enfants dans le monde chaque année. « Près de 200 nouveaux cas sont diagnostiqués en France tous les ans. Avec les traitements, les chances de survie ne sont que de 50 % », résume la chercheuse.

« On est aussi soutenu par l’écosystème régional normand. En décembre 2023, on a été lauréat du prix start’up Normandy4Good. Ça contribue à nous faire connaître », s’enthousiasme Muriel Bardor. De plus, ces prix s’accompagnent de soutiens, tant financiers que logistiques.

Si Alga Biologics reste pionnière dans le domaine, « on sait que des startups internationales, notamment en Allemagne ou en Australie, ont lancé des projets pour produire des protéines médicaments, dont des anticorps à partir de microalgues », souligne Muriel Bardor. Et de conclure : « Il ne faut pas perdre notre avance ! »