Normandie Incubation

Il crée des jeux vidéo pour faire bouger les séniors

06 novembre 2024 - Nos startups

Source : audacieuxnormands.fr

Ancien étudiant en S.T.A.P.S., formé à l’I.A.E. de Caen, Corentin Ortega est le co-fondateur de la start-up Roule Ma Poule. Avec son associé, ils se sont mis en quête de lutter contre la sédentarité, notamment celle des séniors. Ils proposent une solution innovante mêlant jeux vidéo et matériel sportif adapté. Cet « exergame » permet à des séniors de bouger, de voyager depuis leur canapé (balades sur route, visites de musées, jeux vidéo immersifs…). Dans cette interview, Corentin nous partage ses ambitions pour son projet, mais également ses engagements en matière d’inclusion.

Lutter contre la sédentarité

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

C.O. : J’ai 24 ans, je suis originaire d’un petit village à côté de Bellême dans l’Orne. Après mon bac, j’ai fait une formation initiale en S.T.A.P.S. à Caen. J’ai passé une licence en Management du Sport. Cela m’a beaucoup plu. J’ai voulu continuer plus largement dans le management. J’ai donc fait un Master à l’I.A.E. de Caen.

En deuxième année, j’ai découvert Pépite Normandie qui m’a aidé à lancer mon projet. Grâce à l’I.A.E. de Caen et à Pépite Normandie, j’ai pu consacrer mon stage de deuxième année à mon projet. Je suis aujourd’hui diplômé et je me consacre à temps plein à Roule Ma Poule.

Comment vous êtes-vous lancé dans ce projet ?

C.O. : La source de mon idée est mon papa. Il est sénior et en situation de handicap. C’est compliqué pour lui d’avoir une activité physique. Il peut seulement faire de la marche. Il passe beaucoup de temps dans le canapé devant la télévision. Je voulais transformer ce temps en un moment sympa et utile pour sa santé. Il avait un petit pédalier d’appartement. Il en faisait un peu, mais ce n’était pas très attirant. C’est à ce moment que j’ai eu l’idée de mêler un home training (vélos, pédaliers, rameurs…) et une télévision. Le souci, c’est que je n’avais pas la capacité de créer un logiciel.

À ce moment-là, j’ai fait le programme STERNE de Normandie Incubation. Lors de celui-ci, j’ai rencontré Ronan. Il avait déjà des expériences dans différentes start-up en robotique pour personnes âgées. Ça a matché humainement et puis on est très complémentaire. Il est expert en ingénierie et développement.

Comment avez-vous fait parler de votre projet ?

C.O. : Nous étions invités à un grand salon de la silver économie (économie des séniors) à Cannes. Nous étions en train de préparer notre participation quand notre coach à Normandie Incubation nous a dit « vous allez y aller à vélo… ». On s’est dit pourquoi pas. Le projet « Caen – Cannes » est né. Nous avons lancé une campagne de crowdfunding pour financer ce projet. Cela nous a permis de faire un joli coup de publicité pour notre projet.

Nous avons fait le trajet en tandem avec des étapes dans des résidences de services séniors Domitys. Cela nous a permis de faire tester la solution, consolider notre relation avec Ronan et de faire beaucoup de rencontres enrichissantes.

Quelles valeurs animent ce projet ?

C.O. : Pour nous la priorité, c’est l’amusement. Nous souhaitons faire passer un bon moment à nos utilisateurs. Ils oublient qu’en même temps, ils font de l’activité physique. L’un des axes forts de Roule Ma Poule, c’est le maintien de l’autonomie. Cela permet de limiter les effets de l’âge en luttant contre la sédentarité. Notre concept est destiné aux séniors mais il est adaptable aux personnes en situation de handicap ou en rééducation.

Corentin Ortega : « Nous avons collaboré avec des coachs en activités sportives adaptées. »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ? Comment avez-vous réussi à les dépasser ?

C.O. : Nous avons rapidement dû adapter notre modèle économique. En effet, nous souhaitions au début du projet vendre notre produit à des personnes, comme mon père. Nous nous sommes vite rendu compte que c’était difficile de commercialiser un produit sur le marché grand public. Nous avons donc changé et ciblé plutôt les structures pour les résidences séniors.

Au début, nous souhaitions réaliser l’ensemble de l’équipement. Mais on s’est rendu compte que cela serait plus simple de se concentrer sur un unique capteur qui s’adapte sur du matériel existant. On a par conséquent limité notre solution à un capteur et un logiciel sur la télévision. C’est plus agile et moins coûteux en développement. C’est également plus pratique et plus durable pour nos clients.

Pour mettre au point cette solution, nous avons collaboré avec des coachs en A.P.A. (activités sportives adaptées) ainsi que l’unité COMETE (unité de recherche) à Caen, qui est spécialisée sur le vieillissement. D’ailleurs, nous travaillons sur une étude des impacts de l’activité physique sur l’humeur et la santé mentale.

Quelles sont les prochaines étapes du projet ?

C.O. : Nous sommes en train de créer l’entreprise. Nous sommes en fin de phase de test. Nous allons pouvoir lancer les précommandes et commercialiser notre produit début 2025.

Quelle est votre définition de l’audace ?

C.O. : C’est la capacité de se dire que c’est compliqué, mais je le tente quand même, car il y a quelque chose de beau au bout.

La Caisse d’Epargne Normandie soutient l’économie normande en accompagnant de nombreux professionnels dans leur activité comme Corentin Ortega. Partenaire du dispositif Pépite Normandie et du programme STERNE proposé par Normandie Incubation, la Caisse d’Epargne Normandie accompagne les étudiants entrepreneurs en Normandie dans leurs projets de création d’entreprise.

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